Saïd Akl et Jean Khalifé appartiennent à deux esthétiques différentes. Le premier n’a cessé de se réclamer d’un classicisme pur bien qu’il ait joué un rôle pionnier dans la rénovation de la poésie et de la prose arabes ; le second a voulu explorer toutes les voies de la modernité picturale, passant d’une figuration libre et dépouillée à l’abstraction émotionnelle exaltée.
Le portrait consacré par le peintre au poète est d’emblée la reconnaissance d’une démesure : la toile n’arrive pas à cadrer la totalité du visage et coupe la chevelure et son élan ascensionnel. Le verbe est fort et assourdissant, mais cache et révèle une fougue plus grande. On peut certes noter un effet de masque géométrique et un regard unilatéral, mais Khalifé a voulu, par cet indéniable hommage, ne pas abandonner une des ressources de son art ou quelque composante de sa vision de la vie.
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