Né à Khyam (Sud Liban) en 1946,
auteur depuis 1979 de nombreux recueils, de poèmes en arabe classique et parlé,
de nouvelles, Mohammad al Abdallah, récemment disparu, a su dans le tragique d’un
vécu frénétique, avoir une familiarité ludique avec les mots et les images les
plus dénués. « S’il était, d’entre nous, le plus sincère dans sa témérité
(tahawwourihi), c’est parce qu’il était le plus téméraire dans sa
sincérité », écrit Jawdat Fakhreddine en poète et ami.
De son dernier livre « Actes
d’écriture » (A‘mâl al kitaba)(Nadî likouli annass, 2016), nous
traduisons ces deux poèmes chantés par Oumaima al Khalil et mis en musique le
premier par Hani Siblini, le second par Paul Salem.
Peinture de Pioch |
Cette tête
Cette tête me tuera certainement
Elle ne cesse de penser
Des milliers de fois je lui ai expliqué l'absurdité de le faire
Je lui ai montré les raisons du désespoir
Et elle ne cesse de penser
Je lui dis : convenons
Nous penserons jusqu'à épuiser toute pensée !
Elle dort à contrecœur.
Mais de bon matin elle se lève
Allume sa cigarette, verse avant moi son café
Puis répète récits d'hier et pensées d'hier
Je la lave alors qu'elle pense
Je la peigne alors qu'elle pense
Je l'envoie chez le coiffeur et elle pense
Mais quand je veux penser à un problème qui me harcèle
Ou à une chose qui me touche de près
Elle crie de douleur comme si je la frappais avec une hache
Cette tête me tuera.
Cette tête me tuera certainement
Elle ne cesse de penser
Des milliers de fois je lui ai expliqué l'absurdité de le faire
Je lui ai montré les raisons du désespoir
Et elle ne cesse de penser
Je lui dis : convenons
Nous penserons jusqu'à épuiser toute pensée !
Elle dort à contrecœur.
Mais de bon matin elle se lève
Allume sa cigarette, verse avant moi son café
Puis répète récits d'hier et pensées d'hier
Je la lave alors qu'elle pense
Je la peigne alors qu'elle pense
Je l'envoie chez le coiffeur et elle pense
Mais quand je veux penser à un problème qui me harcèle
Ou à une chose qui me touche de près
Elle crie de douleur comme si je la frappais avec une hache
Cette tête me tuera.
Détail d'une peinture de Francis Bacon |
L'air en saucisses
Dans la boucherie de l'air
L'air est abattu comme un taureau
Dans la boucherie de l'air
L'air est pelé comme un taureau
Dans la boucherie de l'air
L'air est coupé en deux par la scie
Comme un taureau est coupé en deux par la scie
Dans la boucherie de l'air
L'air est pendu en deux moitiés aux penderies
Comme les deux moitiés du taureau sont pendues aux penderies
Dans la boucherie de l'air
Un boucher vend l'air au poids, des morceaux d'air
Alors que le garçon du boucher, celui de l'air
Remplit dans des boyaux d'air des déchets d'air
Et fabrique des saucisses d'air.
Dans la boucherie de l'air
L'air est abattu comme un taureau
Dans la boucherie de l'air
L'air est pelé comme un taureau
Dans la boucherie de l'air
L'air est coupé en deux par la scie
Comme un taureau est coupé en deux par la scie
Dans la boucherie de l'air
L'air est pendu en deux moitiés aux penderies
Comme les deux moitiés du taureau sont pendues aux penderies
Dans la boucherie de l'air
Un boucher vend l'air au poids, des morceaux d'air
Alors que le garçon du boucher, celui de l'air
Remplit dans des boyaux d'air des déchets d'air
Et fabrique des saucisses d'air.
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