Afin de fonder un État de droit à l’ère de la souveraineté populaire, une assemblée constituante élue au suffrage universel paraît être la voie royale pour élaborer et voter la loi organique. La constitution pourrait être préparée par des commissions et soumise ultérieurement à un référendum, mais les représentants des divers partis sont seuls à pouvoir établir le consensus légitime.
Dans « l’Orient compliqué », les choses ne sont pas aussi simples. À supposer neutralisées par un contrôle international violence et fraude, la question se pose : quelle loi électorale pour choisir les Constituants ? Seule une loi complexe prenant en compte la représentation des minorités religieuses, nationales et linguistiques sans léser la majorité et ne mettant pas en péril l’efficience du régime à naître est la bienvenue. Mais quels Sages, quels Clisthène(s), quels De Gaulle(s) pourront lui donner le jour ?
Autre problème : et si des élections libres donnaient le pouvoir à des ennemis de la liberté, de l’égalité et des droits de l’homme, à un courant qui obstrue toute alternance ? N’est-il donc pas légitime de se méfier d’un peuple trop longtemps opprimé, donné en pâture aux intégrismes et dont les organisations et les élites ont été continuellement décimées. Hitler lui-même est venu au pouvoir par la voie électorale à l’heure d’une crise économique pointue et d’une république parlementaire impotente.
Le printemps arabe a donc, lors même où l’Occident démocratique souffre de plus d’un mal, à répondre à des défis qui ne lui sont pas seulement propres, mais qui pourraient grever l’avenir de toutes les sociétés humaines.
L'Orient littéraire, les mots de la liberté, Vendredi 28 octobre 2011
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