Friday 2 November 2012

GHASSAN TUÉNI, FOI, DROIT, LIBERTÉS, HISTOIRE










Mesdames, Messieurs *

          Ceux qui ont connu Ghassan Tuéni   ne peuvent se réunir sur son nom et sa mémoire ici même sans une grave, sans une grande émotion. Voici le premier salon qu’il ne seconde pas de près ou de loin ou même de près et de loin. Il était là par ses nouvelles parutions, ses visites aux stands, ses plaisanteries et encouragements, ses participations aux tables rondes, ses invitations à Beit Méry qu’a si bien évoquées le poète Philippe Jaccottet et qui permettaient aux auteurs libanais de rencontrer leurs homologues français, voire aux écrivains et penseurs francophones de se rencontrer entre eux. Chadia était l’ange gardien non seulement par ses délicieux mets (Ghassan se plaisait à dire que ni du temps de sa mère, ni du temps de Nadia on  n’avait aussi bien mangé chez les Tuéni), mais par sa conversation et son accueil. Le salon du livre était pour Ghassan un espace aux dimensions de sa générosité, une occasion de montrer son attachement à la culture et sa prédilection pour le renouveau dans les lettres et arts, un impératif pour redéfinir sa fidélité à Nadia Tuéni et sa poésie et sans doute à lui-même en tant que poète qui n’a pas persévéré dans sa vocation et en tant qu’écrivain qui n’a jamais cessé d’écrire et de biffer renouvelant le fond par la forme et la forme par le fond.
          La vie de Ghassan Tuéni fut longue non par le nombre des années, mais par l’intensité et la variété des activités qu’il y a déployées, par les causes qu’il a servies, par les réalisations qu’il a faites ou tenté de faire. Ce soir donc, il ne sera pas question de tout Ghassan Tuéni, mais de trois  éclairages, et même de quatre, car le professeur Henri Laurens nous parlera sans doute de l’acteur historique : FOI, DROIT, LIBERTÉS, HISTOIRE.
          Par la prééminence des choses, évoquons d’abord sa fidélité religieuse. Homme de la foi chrétienne et orthodoxe sans séparation ni cassure, mais dans un œcuménisme ouvert et heureux, Tuéni l’a toujours été. Sa vie le montre amplement, son attitude devant les drames familiaux, ses croyances approfondies, sa participation à la communauté des croyants, ses écrits, ses lectures et ses sources, son coté bâtisseur de cathédrales et rénovateur de patrimoine religieux…Cette foi est d’autant plus questionnante qu’elle est le propre d’une volonté de puissance affichée, d’un homme qui n’a point cessé de chercher à s’affirmer et d’aspirer  à étendre les libertés pour le faire. Elle est donc, comme foi, d’autant plus riche et complexe.
          Michel Eddé et Ghassan Tuéni ont longtemps appartenu à deux clans politiques adverses. Mais ce qui les réunissait dépassait de loin ce qui les séparait : les combats pour le Liban, son unité et sa souveraineté, l’urbanité beyrouthine, la passion pour le journalisme, l’amour du patrimoine,  la foi et bien d’autres choses…D’un Saint Georges l’autre. Je passe la parole à M. Michel Eddé.

          Ghassan Tuéni était un passionné de la Justice, mais en étudiant sa pensée j’ai eu l’impression qu’il donnait la priorité au renouvellement des sociétés, à la circulation des élites, à la modernisation…Il revient au Président Antoine Kheir, membre du conseil constitutionnel et ex premier président de la cour de cassation de nous éclairer sur les rapports de Ghassan Tuéni et du Droit.

          Dans la dédicace qu’il a voulu donner au  troisième tome de sa somme sur La Question de Palestine, le professeur Henry Laurens, comme l’appelait toujours Ghassan, a écrit : « Ce livre est dédié à Ghassan Tuéni qui a la gentillesse de me faire croire qu’il apprend quelque chose de moi. En témoignage d’affection et d’admiration. »
Il va nous parler de cet extraordinaire acteur historique que fut GT.

          Que pourrais-je dire de Marwan Hamadi compagnon de tous les combats et partie prenante à toutes les passions de son beau frère? Je choisis pour l’introduire ce propos de Ghassan et je sais qu’il l’appréciera sans nécessairement s’y rallier. Nous parlions des druses. Ghassan me dit : « Le propre du druse est de chercher à être imprévisible. » Puis il enchaîna : « En ce sens, Marwan Hamadi n’est pas druse, car on peut voir ce qu’il va faire ! » Ce soir il est donc à l’épreuve et peut être va-t-il nous surprendre.

* Le mot du modérateur à la table ronde du 1/11/2012 au Salon du livre français du Biel.     

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