Stéphane
Hessel n’a cessé de naître. La mort même de cet Allemand devenu Français et de
ce berlinois reconverti en parisien , il y a quelques jours (le 27/2/2013), fut
l’occasion d’une renaissance tant elle
donna lieu à des célébrations et des attaques. Pour le commun, il date d’un
livre, un mince opuscule qu’il fit paraître à 93 ans Indignez-vous ! (2010).
Ce fut comme un coup d’éclat en plein
marasme économique, au milieu de la banalisation du racisme et de la xénophobie,
de l’apprentissage avancé de la population à la soumission aux réalités iniques,
« des médias entre les mains des nantis ». L’ouvrage battît
tous les records d’impression et vendit 4 millions d’exemplaires. Sur le plan
éditorial, il n’allait pas seulement à contre courant, il renversait la
tendance.
L’appel portait. Le succès ne venait pas seulement de l’attente
des lecteurs. Il se comprenait surtout
par cette voix qui liait son message à son destin, ce qu’il appelait son
« socle » : né avec la révolution d’octobre (1917),
Stéphane Hessel ne cessait de renaître
pour s’associer aux grands combats du siècle. Il fut des premiers à rejoindre
la Résistance contre l’occupant (mars 1941), connut l’enfer de plusieurs camps
nazis (1944), s’engagea pour « un ensemble de principes et de valeurs »
après la Libération, fut dans les antichambres de la Déclaration universelle
des Droits de l’homme (1948) et de la
décolonisation (1954)…S’il appelait à revenir aux origines de la Résistance,
l’indignation, il se soutenait de son crédit historique. D’origine juive et
interné à Buchenwald, il ne cessa de mettre en cause la politique criminelle
d’Israël se rendant plusieurs fois en
Cisjordanie et à Gaza.
Rendu célèbre par son ouvrage, Hessel devint omniprésent
dans les meetings et les médias. Il rendait caduc le temps par l’âge et l’âge caduc
par la culture à laquelle il faisait référence, la poésie qu’il ne cessait de
réciter, l’universalité et la dignité humaines qui l’inspiraient et l’énergie vitale où il puisait une force
étonnante. De mémoire d’homme, 96 ans ne furent si légers à porter et si pleins d’enseignements.
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