Sunday 3 March 2013

STÉPHANE HESSEL ou l'âge contre le(s) temps










Stéphane Hessel n’a cessé de naître. La mort même de cet Allemand devenu Français et de ce berlinois reconverti en parisien , il y a quelques jours (le 27/2/2013), fut l’occasion d’une  renaissance tant elle donna lieu à des célébrations et des attaques. Pour le commun, il date d’un livre, un mince opuscule qu’il fit paraître à 93 ans Indignez-vous ! (2010). Ce fut comme un coup d’éclat  en plein marasme économique, au milieu de la banalisation du racisme et de la xénophobie, de l’apprentissage avancé de la population à la soumission aux réalités iniques, « des médias entre les mains des nantis ». L’ouvrage battît tous les records d’impression et vendit 4 millions d’exemplaires. Sur le plan éditorial, il n’allait pas seulement à contre courant, il renversait la tendance.
          L’appel portait. Le succès ne venait pas seulement de l’attente des lecteurs. Il  se comprenait surtout par cette voix qui liait son message à son destin, ce qu’il appelait son « socle » : né avec la révolution d’octobre (1917), Stéphane Hessel  ne cessait de renaître pour s’associer aux grands combats du siècle. Il fut des premiers à rejoindre la Résistance contre l’occupant (mars 1941), connut l’enfer de plusieurs camps nazis (1944), s’engagea pour « un ensemble de principes et de valeurs » après la Libération, fut dans les antichambres de la Déclaration universelle des Droits de l’homme (1948)  et de la décolonisation (1954)…S’il appelait à revenir aux origines de la Résistance, l’indignation, il se soutenait de son crédit historique. D’origine juive et interné à Buchenwald, il ne cessa de mettre en cause la politique criminelle d’Israël se rendant  plusieurs fois en Cisjordanie et à Gaza.
          Rendu célèbre par son ouvrage, Hessel devint omniprésent dans les meetings et les médias. Il rendait caduc le temps par l’âge et l’âge caduc par la culture à laquelle il faisait référence, la poésie qu’il ne cessait de réciter, l’universalité et la dignité humaines qui l’inspiraient  et l’énergie vitale où il puisait une force étonnante. 
           De mémoire d’homme, 96 ans ne furent si légers à porter et si pleins d’enseignements.   

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