Jean-Charles Depaule (avec
la collaboration de Jean-Luc Arnaud): A travers le mur, Parenthèses,
Marseille, 2014, 224 pp.
Ce n’est pas sans une tristesse certaine qu’on feuillette l’ouvrage
de Jean-Charles Depaule A travers le mur où les villes de Syrie, Damas
mais aussi Alep, figurent en bonne place dans le champ étudié à côté du Caire,
de Sanaa et de Beyrouth, … Depuis la première édition de ce livre en 1985,
quelles ont été les ravages de la guerre ? Ailleurs qu’en a-t-il été des
destructions dues à une quête du profit qui n’épargne aucun patrimoine ?
Heureusement les relevés topographiques et l’herméneutique amoureuse ont sauvegardé
des pans entiers de la mémoire architecturale.
A travers les murs, les portes, les fenêtres, les
balcons et les terrasses des habitations des villes de l’orient arabe, le
regard perspicace de l’auteur cherche à saisir le vécu quotidien des maisons et
des quartiers. Il le tente en faisant aussi appel aux mots, aux proverbes, aux gestes, aux textes des voyageurs européens
comme aux productions modernes des poètes et surtout des romanciers arabes de
Tewfik el Hakim à Hassan Daoud…L’étude cherche
à tenir compte de la complexité des pratiques sociales et se montre doublement
dynamique. Elle ne définit pas seulement des territoires en cherchant à en
contrôler les seuils et les limites, elle vise à repérer entre eux les points
de passage, les champs de neutralité et les voies de détournement. Elle note une réalité
variée, changeante voire « contradictoire » : alors que la
maison traditionnelle dessine un monde protégé, féminin et familial donnant peu
de signes à l’extérieur, celle d’aujourd’hui « fait ‘parler’ des
façades ». Depaule met évidemment à contribution les recherches
contemporaines et les observations comparées qui ont permis de relativiser une
vision trop figée d’une maison « arabo-islamique » introvertie et
visant principalement à la réclusion des femmes. La langue commune et la religion dominante n’ont
pas abouti à des solutions identiques du Yémen aux rivages méditerranéens et
même à l’intérieur d’une même ville. « Malgré cette diversité, ou à
travers elle, il est possible de dégager des similarités, qui autorisent à parler
d’une culture. »
Plein de saveurs et d’enseignements à travers ses croquis,
plans et photos, ce livre - grâce à un format plus grand, aux ajouts, à un
florilège nouveau et à des traductions plus rigoureuses – connaît, par la
présente édition, une nouvelle naissance.
*La carte postale provient de ma collection personnelle.
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