Le poète libanais Jawdat Fakhreddine que les
lecteurs de L’Orient littéraire connaissent bien pour avoir lu certains
de ses poèmes traduits et pour leur avoir été présenté lors de la parution de Fussûl min sîratî ma‘ alghaym (Chapitres de mon histoire avec les nuages) (2010),
vient de recevoir, pour son recueil « 30 poèmes pour les enfants »
(2013), le prix du cheikh Zayed pour la littérature d’enfance et de jeunesse
(Il avait été décerné, il y a 2 ans à Abdo Wazen). L’auteur a été
particulièrement loué « pour la simplicité de sa langue et la beauté de
ses rythmes dont l’effet est un sentiment humain œuvrant à la sérénité de l’âme et à la pureté de
la nature».
Aller à l’enfance n’est
pas, pour le poète, diluer sa poésie ou la simplifier mais, au contraire, lui
faire retrouver sa pure essence d’émerveillement simple et de sens ludique des choses.
Elle est l’occasion de faire éclater l’acceptation du monde et les noces de sa
rencontre avec l’être humain. « Sinon
l'enfance, qu'y avait-il alors qu'il n'y a plus ? » écrivait Saint-John Perse. Et c’est un pur bonheur de voir le poète de
la hauteur Jawdat Fakhreddine si bien communier avec les enfants.
Voisins
« Au
voisin vouons culte! »
Dit la sagesse adulte.
Mais loin notre maison
Solitaire
sur le mont
Dans un humble village
Aux splendides paysages.
Nos voisins ? Les oiseaux
Les
fleurs et le ruisseau
Poisson
Comme est triste ce poisson
Pris dans les mailles du filet!
Le pêcheur est bien aise,
Ses gestes notant malaise.
Mais la mer garde son calme
Avec ses vagues retenues
Son secret profond
Ses remous légers.
Le zéro
Il ne vaut rien quand il est unique
Mais les chiffres en ont tous
besoin
Pour former dizaines et dizaines
Et, doublé, centaines et
centaines
Et, multiplié, croître
sans limites.
Le zéro, ce chiffre magique,
Que ressent-il, unique?
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